A La Réunion, 343 000 personnes vivent sous le seuil de pauvreté, soit 42 % de la population (quatre fois plus qu'en métropole) indique une note de l'Insee Réunion-Mayotte 1. L'institut souligne que seuls les départements de la Seine-Saint-Denis et du Nord comptent un nombre de pauvres supérieur à La Réunion, alors qu'ils sont deux à trois fois plus peuplés. Pas moins de 17,1 % des réunionais âgés de 15 à 64 ans touchent le RSA et 30 % des plus de 60 ans le minimum vieillesse, contre 3,5 % dans les deux cas pour la France métropolitaine. Le manque d'emploi est le premier facteur de pauvreté. Dans l'île, le taux de chômage atteignait 28,5 % en 2012. Il s'élevait à 56 % pour les 15-24 ans. Un grand nombre de chômeurs, en fin de droits, ne sont pas indemnisés.

Entre 2007 et 2010, la situation s'est améliorée, indique une autre étude l'Insee Réunion-Mayotte 2 : il faut dire que le taux de pauvreté était de 46,5 % en 2007. Au cours de la période le niveau de vie médian a augmenté de 11 % après inflation, contre 2,7 % en métropole. Un chiffre étonnant quand on sait qu'au cours de cette période le taux de chômage est passé de 24,6 à 28,9 %

L'Insee relève que les revenus d'activité sont en baisse pour les plus pauvres, mais qu'ils sont compensés par la hausse des prestations chômage et de retraite. La mise en place du revenu supplémentaire temporaire d’activité (RSTA) en 2009 – qui peut représenter une augmentation de 10 % pour les bas salaires – a joué. Le développement d'emplois dans les services marchands profite aux couches moyennes.

Cet optimisme mérite d'être nuancé. Les inégalités demeurent énormes dans l'île, sans commune mesure à ce que l'on peut connaître en métropole. Les données de l'Insee s'arrêtent en 2010, depuis la crise s'est accentuée. "A partir de 2011, le nombre d'allocataires des minimas sociaux progresse fortement, avec l'arrivée de nombreux chômeurs en fin de droits", écrit l'Insee Réunion. En mai 2013, le RSTA a été supprimé, ce qui a réduit les niveaux de vie des salariés les moins bien payés et va augmenter les inégalités. Un développement plus harmonieux de l'île est possible, encore faut-il qu'une répartition plus juste des richesses soit engagée.

 

 

 

Notes:

  1. Voir "Une situation sociale hors norme", Insee partenaires n°25, Insee Réunion-Mayotte, août 2013.
  2. "Les niveaux de vie en 2010 : malgré la crise, les revenus ont continué d'augmenter", Insee partenaires n°23, Insee Réunion-Mayotte, juillet 2013.