La France compte 4,5 millions de riches qui représentent 7 % de la population, selon les calculs de l’Observatoire des inégalités, d’après les données 2019 de l’Insee. L’organisme fixe le seuil de richesse au double du niveau de vie médian (la moitié gagne plus, l’autre moins) après impôts et prestations sociales. Le niveau de vie médian étant de 1 835 euros en 2019, le seuil de richesse est estimé à 3 670 euros pour une personne seule. Cela équivaut à 5 500 euros pour un couple et à 7 700 euros pour une famille avec deux enfants.

Disposer de 3 700 euros par mois n’est pas la même chose à 20 ans qu’à 50 ans, à Paris ou à Brest, pour celui qui a un million d’euros de côté et celui qui n’a rien. Certes. Comme tous les indicateurs statistiques, cet outil a ses limites. Elles sont notamment les mêmes que pour le taux de pauvreté qui suscite bien moins de débats. Notre pays a du mal à avancer sur la connaissance des revenus les plus élevés. Contrairement à l’Allemagne qui dispose d’un seuil de richesse depuis 20 ans, l’Insee ne calcule pas cet indicateur.

D’autres seuils peuvent être utilisés pour mesurer la richesse. On entre parmi les 10 % les plus riches à partir de 3 306 euros mensuels par personne (données Insee 2019), au sein des 5 % avec 4 200 euros, du 1 % supérieurs avec 7 200 euros et il faut plus de 17 600 euros pour intégrer le top du 0,1 %. Le problème des seuils définis en pourcentage de la population est que, par définition, ils ne changent pas et que le nombre de riches évolue alors simplement en fonction de la population totale (dont ils constituent une fraction).

Selon les données de l’Observatoire des inégalités, la part de riches dans la population – que l’on pourrait aussi qualifier de « taux de richesse » par analogie au taux de pauvreté – a diminué entre 2011 et 2019, de 9 % à 7,1 %. Pour l’essentiel, cette baisse est liée à une élévation de l’imposition des plus aisés via des mesures prises par Nicolas Sarkozy et François Hollande en 2011 et 2013. Le soutien au pouvoir d’achat suite aux manifestations des gilets jaunes a aussi fait baisser l’indicateur en 2019.

Cette évolution signifie que les inégalités se sont un peu réduites dans le haut de la distribution des revenus, vis-à-vis des classes moyennes. Il ne faut pas oublier qu’elle fait suite à des années 1990 et 2000 marquées par un fort enrichissement des plus riches. Par ailleurs, de la même façon que le seuil de pauvreté ne mesure pas ce qui se passe pour ceux dont les revenus en sont inférieurs, le seuil de richesse est insensible à l’enrichissement des ultra-riches : il peut diminuer alors qu’une petite fraction de la population gagne toujours plus.

Les données les plus récentes sur les revenus datent de 2019. Depuis, la crise sanitaire est passée par là et il est impossible de prédire ses effets sur les revenus. On sait que l’épargne des classes aisées a énormément augmenté, notamment du fait du confinement. Du côté des salaires, les inégalités recommencent à se creuser depuis la crise de 2008 : les mieux et les moins bien payés s’éloignent, ce qui contribue à attiser des tensions. Les revenus du patrimoine (loyers, revenus financiers) se portent bien.