Les 10 % les plus fortunés détiennent près de la moitié du patrimoine en 2015 selon l’Insee1. Les 10 % les plus pauvres n’ont presque rien, la moitié la moins fortunée ne dispose que de 8 % de l’ensemble. Les écarts de fortune sont énormes. Le patrimoine brut (endettement non déduit) moyen du dixième le plus riche vaut 1,25 million d’euros, soit 630 fois celui des 10 % les moins fortunés (2000 euros) et 8 fois le patrimoine médian2 brut (158 000 euros).

Le patrimoine net (dettes déduites) médian des ménages s’élève à 114 000 euros, mais les inégalités de patrimoine entre milieux sociaux sont énormes. Le patrimoine net médian des ouvriers non qualifiés s’élève à 16 400 euros, celui des ouvriers qualifiés à 42 000 euros et celui des employés à 24 800 euros. Les cadres supérieurs disposent d’un patrimoine d’un tout autre ordre de grandeur (204 000 euros). Chez les non-salariés, les patrimoines médians sont beaucoup plus importants du fait de la fortune professionnelle, autour de 380 000 euros pour les professions libérales et de 500 000 euros pour les agriculteurs, mais les écarts sont encore plus forts que pour les salariés. Ainsi par exemple, le dixième le plus fortuné des professions libérales dispose d’au moins 1,5 million d’euros, contre 34 000 euros au mieux pour le dixième le moins fortuné.

A l’âge de la retraite, les fortunes accumulées n’ont rien à voir selon les milieux. Le patrimoine médian net des cadres supérieurs et professions libérales est alors de 400 000 euros, 2,7 fois plus que celui du reste des salariés (145 000 euros). Le dixième des salariés (hors cadres supérieurs) le moins fortuné n’a, après une vie entière de travail, pas plus de 3 800 euros de patrimoine. Ce sont ces écarts qui, en se transmettant entre générations, facilitent la reproduction des inégalités monétaires entre milieux sociaux dans le temps.

Impossible de décrire l’évolution

L’Insee a changé de méthode de comptabilisation des patrimoines en 2010, puis en 2015. Résultat, aucune comparaison précise n’est vraiment possible. Tout ce que l’on peut dire, c’est qu’entre 2010 et 2015, les patrimoines semblent être restés assez stables. Les écarts ont peu varié entre le dixième le plus riche et le dixième le plus pauvre, en particulier parce que les prix de l’immobilier n’augmentent plus comme cela a pu être le cas auparavant.

Ces données édifiantes restent très partielles. Pour avoir une vision plus nette des fortunes, il faudrait pouvoir observer les variations de patrimoine hors changement de méthode. En outre, les montant de patrimoine s’arrêtent au dixième supérieur, alors qu’il faudrait se situer à un niveau beaucoup plus fin à l’intérieur des 5 % les plus fortunés et raisonner pour un âge donné.

Notes:

  1. « Entre 2010 et 2015, les inégalités de patrimoine se réduisent légèrement », Insee première n°1621, novembre 2016.
  2. Il sépare les ménages en deux : la moitié possède moins, la moitié possède plus.