Le nombre de divorces a chuté de 155 000 en 2005 à 106 000 en 2021, selon le ministère de la Justice, une baisse d’un tiers. On ne peut en conclure que les couples sont de plus en plus durables. Ceci dit, la thèse de couples de plus en plus flexibles et fragiles mérite d’être discutée.
La poussée du divorce a eu lieu à partir du début des années 1970. À partir de 1974, les couples mariés peuvent se séparer plus simplement sur la base du consentement mutuel. La progression est très importante jusqu’au milieu des années 1980 : on passe le cap des 100 000 divorces par an. Puis alternent des phases de stabilité et de hausse jusqu’au pic du milieu des années 2000. Depuis quinze ans, la baisse est assez nette.
On divorce moins, en premier lieu, car on se marie moins : la part de l’union libre ne cesse de progresser. Mais cela n’explique pas tout : « la tendance à la baisse résulte de la baisse du nombre de divorces plus rapide que la baisse de la population de personnes mariées », explique le ministère de la Justice. Depuis plus de dix ans, le nombre de mariages est en effet stabilisé. Le taux de divorces pour 1000 mariages est passé de 5,6 en 2005 à 4,9 en 2021. Les personnes qui officialisent leur union à la mairie aujourd’hui le font plus tard et plus souvent après avoir vécu plus longtemps ensemble. Les couples mariés sont davantage « triés » au départ et donc plus durables.
Cette baisse du divorce indique-t-elle une stabilité plus grande des couples ? Difficile de répondre à cette question. Le mariage n’est plus un passage obligé du couple et on connaît très mal les ruptures d’union libre, qui, par définition, ne sont pas déclarées. Pour ajouter à la difficulté, les données sur les ruptures de Pacs ne sont plus publiées depuis 2017 par le ministère de la Justice.
Le projet de vivre à deux durablement reste la norme dans notre société (lire notre article). Pour autant, il n’est pas simple de définir à partir de quel moment deux personnes constituent un couple. Quel critère adopter ? Un mois de vie commune ? Un an ? Pour en savoir plus, l’Insee a réalisé entre 2013 et 2014 une étude sur l’ensemble de la population1. Les couples sont ceux qui répondent vivre en couple ou avoir une « relation amoureuse importante qui donne ou a donné lieu à une cohabitation ». Selon cette définition, 253 000 couples formés de personnes âgées de 25 à 45 ans se sont rompus en moyenne annuelle entre 2009 et 2012, contre 155 000 entre 1993 et 1996. L’augmentation est nette. Les premières unions sont de plus en plus fragiles : 40 % des personnes nées entre 1978 et 1987 ont eu une première union qui a duré moins de 10 ans, contre 16 % de celles nées entre 1948 et 1967. Qu’en est-il après une décennie ? Nul ne dispose de réponse à cette question faute d’enquête.
La baisse du nombre de divorces n’est-elle signe de rien ? On manque de données pour le mesurer, mais il est possible que deux phases-types de la vie à deux s’installent. Celle du couple à l’essai, qui se cherche, puis celle du couple plus durable, notamment avec l’arrivée d’enfants. Nombre de ruptures se jouent dans les premières années. Davantage de séparations ne signifie pas que couple lui-même soit plus fragile. C’est même l’inverse. Le couple demeure la norme et on – en particulier les femmes – est moins contraint de maintenir une union que l’on vit mal. Le modèle du couple unique, de sa formation au décès a vécu. Pas celle du couple tout court.
Notes:
- « Parcours conjugaux et familiaux des hommes et des femmes selon les générations et les milieux sociaux », Vianney Costemalle, in « Couples et familles », coll. Références, Insee, décembre 2015. ↩