Pour la première fois depuis plusieurs décennies, la part de familles recomposées dans la population s’est stabilisée en France. L’Insee a en effet comptabilisé 723 000 familles de ce type en 2019, soit 9 % de l’ensemble, proportion identique à celle de 2011. La part d’enfants vivant dans une famille recomposée, qui avait plus que doublé entre le milieu des années 1980 et le début des années 2010, de 5 % à 11 % c’est elle aussi stabilisée entre 2011 et 2019, autour de 11 %. Cette évolution peut être la conséquence d’un plafonnement des séparations après plusieurs décennies de progression. Elle peut résulter aussi du fait que les mères de famille monoparentale se remettent moins souvent en couple : pour l’heure, ce type de famille continue à progresser. Il est trop tôt pour conclure à la fin d’une période longue, des années 1960 à 2010, de bouleversements de l’organisation de la famille.

Au total, ces familles recomposées – formées d’un couple et d’au moins un enfant issu d’une union précédente – rassemblent 1,5 million d’enfants alors que trois millions vivent dans une famille monoparentale et 9,5 millions dans une famille dite « traditionnelle ». Elles sont à géométrie variable. La moitié des familles recomposées ne compte pas d’enfants du couple lui-même, mais uniquement des enfants d’unions précédentes. Dans 44 % des cas il s’agit d’un couple avec seulement un ou des enfants de l’une des unions précédentes, dans 8 % des cas des enfants de chacun des deux conjoints. L’autre moitié comprend des enfants du couple, essentiellement avec au moins un enfant d’un seul des conjoints (46 %) et beaucoup plus rarement d’enfants des deux conjoints (2 %). Les beaux-parents qui vivent avec des enfants de leur conjoint sont aux trois quarts des beaux-pères. Ceci est lié au fait qu’après une séparation, les enfants habitent plus souvent avec leur mère, et donc plus souvent aussi avec un beau-père. Les enfants qui résident avec leur père et une belle-mère sont moins nombreux. Au total, les enfants vivant dans une famille recomposée sont à 45 % des enfants qui vivent avec leur mère et un beau-père, 18 % avec leur père et une belle-mère et pour 36 % des enfants du couple qui vivent avec leurs deux parents, mais aussi des demi-frères ou demi-sœurs d’une précédente union.

 


Quelle place pour les beaux-parents ?
La question de la place des beaux-parents (environ 800 000) revient régulièrement dans le débat public. La question est difficile à régler pour le législateur. Il semble logique d’accorder des droits à des adultes qui sans être biologiquement liés aux enfants les prennent en charge au quotidien, parfois davantage que le parent biologique (souvent le cas des belles-mères). Toute la difficulté est que, même séparé, l’enfant a - dans l’immense majorité des cas - encore un autre parent qui dispose de l’autorité parentale et qui est légitime à l’exercer. L’affaire est encore plus complexe en cas de difficulté relationnelle entre les deux anciens conjoints, ce qui n’est pas rare. L’idée de renforcer les droits du beau-parent de façon formelle est complexe : soit l’acte n’est pas d’une grande importance (accompagner un enfant à l’école par exemple) et il n’est pas besoin de légiférer, soit l’acte est décisif (décider de son orientation scolaire par exemple), et l’on voit mal l’un des parents accepter qu’un tiers intervienne dans la plupart des cas.