Le mariage est une institution en déclin dans la société française. Au début des années 1970 – l’apogée du nombre de mariages en France – on comptait encore plus de 400 000 unions chaque année. Le chiffre plonge ensuite régulièrement pour atteindre 265 000 au milieu des années 1980. La société française fait sa « révolution culturelle ». L’Église influence de moins en moins les comportements et surtout la place des femmes change avec l’élévation du niveau d’éducation.
Jusqu’au début des années 2000, le niveau des mariages reste à peu près stable. Mais l’arrivée du pacte civil de solidarité (le Pacs) change la donne. Le mariage est jugé trop rigide et ne permet pas aux couples de même sexe d’officialiser leur union. Ce nouveau contrat connaît un succès foudroyant bien au-delà des couples homosexuels (seuls 96 % des Pacs sont conclus entre partenaires de sexe différent). Au bout de dix ans, en 2000, on enregistre déjà 200 000 Pacs par an. Le nombre de mariages diminue pour tomber autour de 235 000 à partir de 2015. Si on le rapporte à la population, sur l’ensemble de la période, le taux de nuptialité (nombre de mariages pour 1 000 habitants), a été divisé par deux, de 8 à 4 p. 1000.
Petit à petit, le Pacs s’installe dans le paysage. Pour certains, il devient une première forme d’union avant le mariage, pour d’autres, un choix plus durable, comme l’est devenu l’union libre qui a tendance à se stabiliser depuis 15 ans. Les couples ont désormais à leur disposition trois formes d’unions qui donnent accès à des droits différents.
Désormais, le Pacs fait quasiment jeu égal avec le mariage en nombre d’unions. En 2018, on a enregistré 228 000 mariages et 207 000 Pacs. En fait, si l’union libre demeure une option pour beaucoup, l’arrivée du Pacs a eu comme effet que de plus en plus de couples se déclarent officiellement comme tels. Ils s’institutionnalisent. Pacs et mariages confondus, le nombre d’unions est passé de 217 000 à 435 000 en 20 ans, entre 1998 et 2018, une hausse de 60 % (voir graphique).
Le couple est plus flexible, mais il demeure un modèle solidement ancré dans notre société. Ces données montrent que la société n’est pas aussi individualisée qu’on le fait souvent remarquer. Le couple n’est pas remplacé par une somme d’individus indépendants vivant chacun de leur côté, même si en son sein les rôles s’équilibrent (lentement) entre femmes et hommes. Il forme toujours une entité qui existe en tant que telle, même d’ailleurs dans le cas de l’union libre, désormais de plus en plus durable. Il en est de même pour la famille en général : l’autonomie plus grande des personnes, liée notamment à l’élévation du niveau de diplôme, n’est pas le signe d’un chacun pour soi généralisé.