L’économie française montre des signes de reprise économique et la situation de l’emploi s’améliore. Entre la fin 2015 et la fin 2021, le taux de chômage a baissé de 10,2 % à 7,4 %. L’ampleur des mesures prises en 2020 et 2021 ont permis d’atténuer l’impact sur l’emploi de la plus grande crise économique rencontrée depuis la Seconde Guerre mondiale. Quels sont les territoires qui profitent le plus de cette embellie ? Les réussites sont très inégales.

Les données de l’Insee ne permettent qu’une approche très générale de la situation. Le niveau le plus détaillé pour lequel des données sont disponibles s’appelle une « zone d’emploi », découpage qui met par exemple sur le même plan des territoires difficilement comparables. Le rapport entre Paris (3,8 millions d’emplois) et les Herbiers-Montaigu en Vendée (64 000 emplois) n’a rien d’évident. La plus grande prudence s’impose donc, car les taux de chômage peuvent masquer des effectifs très différents. Pour autant, les données locales sont riches d’enseignement.

Les écarts entre territoires demeurent énormes. Quoi de commun entre la zone d’emploi d’Agde-Pézenas (Occitanie) qui compte 14,3 % de chômeurs – deux fois plus que la moyenne nationale – et Les Herbiers-Montaigu (Pays de la Loire) qui en compte 3,4 % – soit plus de deux fois moins – au quatrième trimestre de 2021 ? Dans l’ensemble, le nord de la France et le Sud méditerranéen demeurent les plus touchés, comme c’est le cas depuis des décennies.

Le taux de chômage est faible dans deux types de territoires. D’un côté, des zones très actives, comme Les Herbiers ou Ancenis près d’Angers, une partie de l’Ouest parisien (Saclay, Rambouillet) et de la Savoie (Tarentaise). De l’autre, des territoires où le chômage est faible parce qu’il n’y a pas d’activité depuis très longtemps… Une grande partie des actifs, notamment les plus jeunes, sont partis pour trouver meilleure fortune ailleurs. C’est le cas par exemple des zones d’emploi d’Aurillac ou de Saint-Flour en Auvergne-Rhône-Alpes, où le taux de chômage n’est que de 4 %.

Où le chômage baisse-t-il le plus ?

L’étude de l’évolution du chômage entre fin 2015 et fin 2021 fait apparaître des résultats très différenciés. Parmi les territoires où la baisse est la moins élevée – mesurée en points de pourcentage -, on trouve des zones d’emploi comme Versailles-Saint-Quentin (Île-de-France) où le taux de chômage se réduit peu (- 0,7 point) parce qu’il était déjà à un niveau faible (6,1 % en 2015). On rencontre aussi des zones dans des situations très difficiles, mais qui profitent peu de la reprise. C’est le cas de Castelsarrasin en Occitanie (ne figure pas dans les dix plus faibles baisses) où en dépit d’un taux de chômage de 12,5 % en 2015, celui-ci n’a baissé que de 1,5 point entre 2015 et 2021. Ces derniers territoires demandent une attention spécifique de la part des politiques publiques.

Le taux de chômage a logiquement baissé le plus dans des zones d’emploi qui partaient de plus haut, par exemple dans les Hauts-de-France, à Boulogne-sur-Mer, Lens ou Calais, où la réduction a dépassé les cinq points de pourcentage. La situation demeure préoccupante, mais la dynamique est favorable. Le taux de chômage a aussi fortement diminué dans des territoires qui étaient en moins grande difficulté, comme à Bastia en Corse où le taux a presque été divisé par deux, de 11,3 % à 6,4 %.

La France qui va mieux en termes de chômage présente des visages très divers. Elle est loin de se résumer aux métropoles souvent citées, qui ont leurs difficultés et qui « aspirent » les demandeurs d’emploi des régions qui peinent à se développer. Le meilleur exemple est sans doute Montpellier, qui figure parmi les 30 zones d’emploi où le chômage est le plus élevé (il atteint encore près de 10 % fin 2021). La métropole draine vers elles nombre de jeunes en quête d’emploi. Le niveau du chômage est un solde entre une offre et une demande d’emploi. Les territoires les plus marqués par le chômage sont ceux où les créations de poste de travail sont insuffisantes par rapport aux besoins de la population.

Les différences de taille des zones d’emploi rendent également difficiles les comparaisons. Une partie des territoires éloignés des grandes villes se portent bien, portés par un dynamisme économique spécifique, comme c’est le cas d’une en Vendée par exemple. Mais ces zones restent souvent de très petite taille. La zone d’emploi des Herbiers sert à illustrer nombre de reportages sur le sujet, mais ne représente que 0,1 % de l’emploi en France.

Pour y voir plus clair, il faudrait pouvoir disposer de données détaillées par quartier pour les grandes villes. Les plus en difficulté souffrent d’une reprise de l’activité qui reste trop faible pour avoir un impact déterminant – pour l’heure-, mais aussi de faibles qualifications des habitants, qui ne leur permettent pas d’accéder à une partie des emplois créés, notamment dans les nouveaux secteurs.

Le chômage diminue et l’effet est net dans la plupart des zones d’emploi. Il n’en demeure pas moins que, notamment parce qu’elle est masquée dans des ensembles plus importants, la France fortement marquée par les difficultés du chômage est loin d’avoir disparu. Les commentaires trop optimistes et leur amplification médiatique peuvent susciter bien des interrogations chez les habitants de ces territoires. Reste à espérer que la tendance dure et se diffuse enfin plus largement sur l’ensemble du territoire.