L’immigration constitue un apport essentiel à la force de travail de la France. Toutes origines confondues, les immigrés représentent 11,1 % de la population active. Si on y ajoute leurs descendants (9,2 %), 20 % des actifs ont émigré vers la France ou ont au moins un parent qui a émigré, soit environ six millions de personnes, salariées ou non1.

Dans certaines professions, la proportion de travailleurs immigrés ou descendants dépasse largement les 20 %, comme le montre nos calculs (voir tableau). Au total, plus du tiers des employés de maison sont immigrés ou d’origine, près d’un employé du gardiennage et de la sécurité sur trois l’est aussi. C’est le cas également de près de 30 % des ouvriers non qualifiés du gros œuvre du bâtiment et des travaux publics. Au passage, même si la profession ne figure pas en haut de notre classement, mais un 17 % des professionnels de la politique (une famille qui ne compte que 23 000 actifs) sont immigrés ou descendant d’immigrés, notamment parce qu’on trouve dans cette famille professionnelle les employés de l’Église catholique. Les immigrés et leurs descendants occupent aussi des postes très qualifiés dans des secteurs clés. Ils représentent par exemple 21 % des ingénieurs informatique.

Ces travailleurs immigrés et leurs descendants reflètent l’histoire économique de notre pays. Parmi eux, on compte de jeunes travailleurs immigrés qui viennent d’arriver, mais aussi des descendants d’immigrés âgés nés dans l’Hexagone dans les années 1950, dont les parents ont pu eux-mêmes arriver dans les années 1930, presque un siècle… Un ensemble hétéroclite dont une partie a une relation très lointaine avec la migration et, par exemple, ne pratique plus la langue de leur pays d’origine. Additionner immigrés et descendants d’immigrés est une pratique discutable du fait de ces différences, mais donne malgré tout une idée de l’apport de l’immigration au travail en France.

Pour partie, ces immigrés ont été recrutés dans leur pays d’origine pour les besoins de notre économie, avec une politique très active en la matière dans les années 1950 à 1970. Ils ont par exemple extrait le charbon, permis le succès des constructeurs automobiles français et, au bout du compte, constitué un moteur essentiel de la croissance française. Leurs descendants occupent des professions plus variées, mais pour beaucoup peu qualifiées.

Immigrés et descendants continuent à bâtir des logements, à construire des routes et à faire le ménage dans des conditions pénibles et pour des bas salaires, occupant souvent les emplois délaissés par les non-immigrés. Pour partie ils permettent de réduire les tensions qui existent sur le marché du travail. Des services de livraison à domicile aux hôpitaux, toute une partie d’entre eux étaient par en « première ligne » lors de la crise sanitaire de 2020. Chaque année, les agriculteurs français font venir des dizaines de milliers de saisonniers. Sans eux, notre production s’effondrerait. Il serait bien difficile en pratique de les remplacer comme certains le suggèrent.

Photo : Tim Mossholder / Unsplash

Notes:

  1. « Quelles situations sur le marché du travail des immigrés et des descendants d’immigrés en 2021 ? », Claude Minni et Mahrez Okba, Dares Analyses n°15, ministère du Travail, mars 2023. Les descendants sont ceux qui ont au moins un parent immigré.