La population française vieillit, le phénomène est bien connu. Mais ses effets sont très exagérés. La part des plus de 60 ans a augmenté de 16 % à 27 % entre les années 1950 et aujourd’hui. Depuis 2014, elle dépasse celle des moins de 20 ans, qui représentait un tiers de la population à la fin des années 1960 et qui désormais en représentent moins d’un quart. L’âge moyen de la population a légèrement diminué entre le milieu des années 1940 et le milieu des années 1960, de 35,7 ans à 34,7 ans du fait du baby-boom. Depuis, il a repris une progression en réalité déjà entamée dans la première partie du XXe siècle : il est remonté à 42,2 ans en 2021 selon l’Insee.

Ce vieillissement résulte de deux grands facteurs : l’allongement de la durée de vie d’un côté, la baisse de la fécondité – après une période exceptionnelle de baby-boom – de l’autre. Il n’est que partiellement compensé par l’immigration (les nouveaux arrivants sont moins âgés que la moyenne). Il s’agit de deux bonnes nouvelles : le niveau de santé s’améliore et on contrôle mieux le nombre d’enfants que l’on met au monde. Dans notre histoire démographique, la baisse de la natalité est ancienne, elle date du XIXe siècle et c’est plutôt le baby-boom (1945-1965) qui constitue une exception (lire notre article).

Les conséquences du vieillissement de la population sont souvent dramatisées en France. Les sexagénaires d’aujourd’hui ne sont pas comparables à ceux des années 1950, tant du point de vue de la santé que des modes de vie. L’âge n’est pas une notion fixe : il évolue dans le temps. Ainsi, si l’âge moyen a augmenté de sept années entre le milieu des années 1960 et le milieu des années 2010, l’espérance de vie a augmenté de 13 ans pour les hommes et de 11 ans pour les femmes. L’ensemble de l’échelle de la vie s’est étiré et les temps de la vie évoluent. On étudie plus longtemps et on travaille plus tard. Les grands-parents d’aujourd’hui n’ont pas les mêmes rôles, les mêmes modes de vie qu’il y a cinquante ans. À partir des années 2020, les décès des premières générations du baby-boom nées dans les années 1940, plus nombreuses, commencent à jouer dans le sens du rajeunissement de la population ou au moins d’une stabilisation de la structure par âge. En revanche, la baisse de la fécondité a un effet de sens inverse.

L’impact global du vieillissement demeure très relatif. Les pays où la part des personnes âgées est la plus importante ne sont pas – et de loin – les moins innovants ou dynamiques, ni les plus conservateurs au plan politique, comme le montre la situation des pays scandinaves. La population de la France vieillit, mais notre pays n’en est pas pour autant sur le déclin.

Néanmoins, nous devons nous adapter à cette évolution. Dans un contexte de chômage de masse, l’équilibre du régime des retraites est très délicat dans un système dit par répartition (ceux qui travaillent financent directement les pensions). Il faut par ailleurs trouver de nouvelles ressources pour la prise en charge des aînés, qui pourra de moins en moins l’être par la génération suivante, et en particulier les femmes qui assument le plus souvent ce rôle. De plus en plus souvent actives, elles portent d’autres aspirations que de prendre en charge leurs parents après s’être occupé de leurs enfants en bas âge. Enfin, à l’avenir, nos sociétés verront un nombre croissant de générations coexister, des arrières grands-parents aux petits-enfants.

Le poids des âges

La population française est auscultée à la loupe, mais on en oublie parfois les éléments les plus simples : ce que représente la population de chaque âge. Pour le comprendre, nous l'avons découpé en sept grandes catégories : la petite enfance, les enfants, les adolescents, les jeunes adultes, les adultes, les seniors et le quatrième âge. Notre pays compte 21,5 % de mineurs. Cet ensemble se compose de 3,2 % de très jeunes enfants (non en âge d'être scolarisés), 10,8 % d'enfants de 3 à 11 ans et 7,5 % d'adolescents (12-17 ans). Les jeunes adultes (18-24 ans) représentent 8,1 % de la population et les adultes (jusqu'à 65 ans) un peu plus de la moitié. Enfin, les aînés (de plus de 65 ans) en représentent un cinquième, comprenant 14 % de seniors (de 65 à 79 ans) et 5,6 % de personnes du quatrième âge (plus de 80 ans).