À partir de quel niveau de revenu est-on riche ou pauvre ? Quand appartient-on aux classes « populaires », « moyennes  » ou « aisées » ? Ces questions, pourtant centrales, sont très souvent laissées dans le vague, ce qui le débat difficile. Surtout si on ne prend pas en compte la taille des ménages. Vivre en solo ou à cinq d’un même revenu, ce n’est pas vraiment pareil.

Pour y voir plus clair, commençons par définir des classes de revenus. Nous utilisons ici les définitions de l’Observatoire des inégalités. En bas de l’échelle, on trouve les catégories populaires, dont les revenus sont compris entre 0 et 30 % des plus bas revenus. C’est la France des ouvriers et employés, des personnes peu qualifiées. À l’intérieur de ces catégories, les personnes pauvres sont celles dont le niveau de vie est inférieur à la moitié du niveau de vie médian (1 930 euros par mois). Les classes moyennes regroupent la moitié des personnes qui se situent entre 30 % et 80 % des revenus. Les classes aisées, surtout des cadres supérieurs, occupent les rvenus les 20 % supérieurs et les riches ceux dont le niveau de vie est deux fois supérieur au revenu médian.

Ensuite, il faut différencier les niveaux de vie en fonction du nombre de personnes par ménage. Nous avons distingué six grands types, les principaux, mais il en existe bien plus. Pour passer d’un type de ménage à un autre, nous utilisons le système de parts de l’Insee, baptisées « unités de consommation ». Dans ce système, le premier adulte vaut une part entière et les personnes de plus de 14 ans une demi-part1.

En France, une personne seule est considérée comme pauvre si elle vit avec moins de 965 euros par mois (au seuil de 50 % du niveau de vie médian), elle appartient aux classes populaires si elle a moins de 1 530 euros, aux classes moyennes si elle reçoit entre 1 530 et 2 787 euros (données Insee 2021). À partir de 2 787 euros elle est considérée comme aisée, et riche au-delà de 3 860 euros. Le seuil de pauvreté est de 1 448 euros mensuels pour les couples sans enfants. Ils appartiennent aux classes moyennes entre 2 295 euros et 4 180 euros, et sont riches à partir de 5 790 euros. Pour un couple avec deux enfants de plus de 14 ans, le seuil de pauvreté est de 2 413 euros mensuels, les classes moyennes se situent entre 3 825 euros et 6 967 euros et les riches disposent de plus de 9 650 euros.

Les définitions que nous utilisons sont discutables pour plusieurs raisons. Il s’agit de revenus après impôts et prestations sociales et non tel qu’ils sont déclarés (voir encadré). Ces données ne prennent pas en compte les dépenses, comme le logement : il faudrait pour cela savoir si la localisation est choisie ou subie. Les catégories « aisées » rassemblent des ménages aux revenus très inégaux, de cadres supérieurs à des PDG de multinationales. Il faudrait aussi distinguer encore plus précisément les types de familles, par exemple les familles monoparentales avec plusieurs enfants. Il s’agit d’une définition monétaire qui n’est qu’un des éléments du statut social des personnes. Enfin, il faudrait aussi tenir compte de l’âge des individus.

Ces données doivent être complétées, mais elles permettent de poser un cadre général au débat, en utilisant les chiffres comme des ordres de grandeur. Le niveau de vie médian d’une personne n’a pas beaucoup de sens pour la plupart des familles, qui raisonnent au niveau de l’ensemble des ressources du foyer. Fixer des limites entre les classes, populaires, moyennes et aisées, permet de mieux comprendre l’échelle des revenus, de mesurer les hiérarchies monétaires. Le manque de travaux sur ces sujets reste patent en France. L’Insee, par exemple, refuse toujours de définir un seuil de richesse. Ce brouillard permet à des points de vue opposés de ne pas être contredits par des faits, ce qui satisfait la majorité… Il en résulte malheureusement de nombreuses exagérations et une méconnaissance du véritable montant des ressources des ménages.

De quels revenus parle-t-on ? Ces données comprennent toutes sortes de revenus déclarés aux impôts : les salaires, mais aussi les revenus du patrimoine ou des indépendants par exemple. L’Insee en retire les impôts directs (sur le revenu et taxe foncière) puis y ajoute les prestations sociales (comme les allocations logement). On mesure alors le revenu dit « disponible ». Pour comparer les différents types de ménages, l'Insee utilise un système de parts. 

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Notes:

  1. Seulement une demie part parce qu’on fait des économies à plusieurs. Par exemple on n’a pas besoin d’une cuisine ou d’une salle de bain par personne.