Depuis 20 ans, l’Insee ne mesure plus le taux de départ en vacances (lire notre article). Après des années d’interruption, l’institut publie de nouvelles données sur un sujet proche : les « départs pour motifs personnels ». Résultat : une fracture sociale marquée.
Selon l’Insee, huit Français sur dix sont partis en 2022. Il ne s’agit pas de vacances proprement dites, car il suffit de s’éloigner une seule nuit de son domicile pour être compté comme « partant » : un mois de congés à 10 000 km équivaut au week-end chez ses parents à 20 km… Même avec ce critère trop large les écarts sont creusés : alors que 90 % des ménages dont le revenu déclaré est supérieur à 3 000 euros par mois sont partis dans l’année, c’est le cas de seulement 62 % de ceux qui vivent avec 1 500 euros ou moins1.
Derrière le revenu se cachent des inégalités profondes selon les milieux sociaux. Alors que 93 % des cadres supérieurs ont quitté leur domicile, c’est le cas de 76 % des ouvriers. Les départs des uns et des autres n’ont rien à voir. En moyenne, les premiers ont passé 26 nuits à l’extérieur, contre 11 pour les ouvriers. Ces derniers partent moins, mais aussi moins longtemps.
Transports, hébergements, sorties… bien entendu, les moyens financiers comptent. On comprend qu’un smicard hésite avant de s’offrir une semaine de congés en famille quand celle-ci représente l’équivalent d’un ou de deux mois de salaire. Mais d’autres éléments jouent, comme le fait par exemple de disposer d’un réseau familial ou d’amis pouvant vous héberger ou mieux, d’une résidence secondaire. Le fait aussi d’avoir, dans sa jeunesse, pris l’habitude de partir avec ses parents. Tout cela va aussi déterminer le type de voyage entrepris selon les milieux, sujet sur lequel les données de l’Insee ne disent malheureusement rien.
Notes:
- À noter : l’Insee ne prend pas en compte la taille du foyer ↩