Le seuil de pauvreté est le niveau de revenu mensuel en dessous duquel une personne est considérée comme pauvre d’un point de vue monétaire. Autant le niveau de pauvreté fait débat, autant le seuil lui-même est rarement discuté alors qu’il mériterait que l’on s’y attarde.

Le seuil de pauvreté monétaire est, en Europe, déterminé par rapport au niveau de vie médian (on dit qu’il est « relatif »). Le niveau de vie médian sépare la population en deux : autant gagne moins, autant davantage. Il est apprécié après impôts directs et prestations sociales. Le seuil est fixé en pourcentage de ce niveau de vie médian.

Longtemps, le seuil a été fixé en France à la moitié du niveau de vie médian. Puis, au milieu des années 2000, nous sommes passés à 60 % pour harmoniser les pratiques européennes dans ce domaine. Aucune règle ne permet de déterminer un niveau « objectif » : il s’agit d’une construction statistique. On aurait pu prendre 40, 55 ou 72 %. En revanche, le choix du seuil a un impact énorme. Celui à 50 % aboutit à cinq millions de pauvres, le seuil à 60 % à neuf millions.

Il existe des déclinaisons du seuil pour tenir compte de la composition du ménage : pour une personne seule, un couple ou une famille. Pour faire ce calcul, l’Insee utilise des unités de consommation, un système de parts (le premier adulte vaut 1, toutes les personnes de plus de 14 ans valent 0,5, les enfants 0,3). Ainsi, pour un couple, on multiplie le seuil utilisé par 1,5 : le premier adulte vaut une part, le second 0,5 part.

Dans d’autres pays, comme par exemple aux Etats-Unis, on détermine un ensemble de biens et services indispensables pour vivre décemment (on parle alors de seuil absolu). Une solution tout autant subjective. L’avantage du seuil relatif est qu’il évolue mécaniquement avec le niveau de vie médian, alors que le seuil absolu doit être réactualisé. L’inconvénient du seuil relatif, c’est que lorsque le niveau de vie médian baisse, une partie de la population qui était pauvre avant cette diminution n’est plus comptée comme pauvre alors que son niveau de vie n’a pas varié. C’est ce qui s’est passé en 2012 en France.