Les services de police et de gendarmerie ont enregistré 1 590 crimes et délits anti lesbiennes, gays, bi ou transgenres (LGBT)1 en 2020. Ce chiffre est supérieur de près de 50 % à celui de 2016. Ces données, comptabilisées suite à une plainte, doivent cependant être utilisées avec précaution. Elles ne signifient pas que nous assistons à une explosion de l’homophobie en France. Elles portent sur une trop courte durée (de 2016 à 2020) pour pouvoir parler de tendance de fond. En 2020, dans un contexte très particulier de crise sanitaire, les crimes et délits anti-LGBT ont diminué.

Sur longue période, les Français se disent de moins en moins homophobes (lire notre article). Les enquêtes menées auprès de la population indiquent que le nombre de personnes qui se disent avoir été victimes d’injures homophobes reste relativement stable, au moins jusqu’en 2018 2. L’augmentation des faits constatés peut résulter de déclarations plus fréquentes des plaintes et de leur inscription comme acte anti-LGBT, ainsi que de l’évolution de la qualification de certaines infractions3. Il n’en demeure pas moins que l’ampleur de l’évolution a de quoi préoccuper, surtout si elle se prolongeait dans les années qui viennent. Elle correspond assez bien à l’évolution des témoignages reçus par l’association SOS homophobie.

Les victimes d’actes anti-LGBT sont dans l’immense majorité des cas des hommes (75 %) et bien plus souvent des jeunes. Pas moins de 58 % ont entre 15 et 34 ans, mais c’est le cas de 37 % des personnes victimes de crimes et délits en moyenne. Seul 1 % a plus de 65 ans, contre 12 % des victimes de crimes et délits.

Les infractions les plus souvent citées sont majoritairement verbales : dans 33 % des cas il s’agit d’injures, 18 % de menaces, cas les plus fréquemment cités. Si l’on ajoute les 28,5 % de cas de violences physiques au 1,4 % de viols et agressions sexuelles, dans 30 % des cas ces infractions marquent physiquement les victimes. Il faut noter que dans 57 % des cas, les agressions se déroulent dans un lieu public : voie publique (33,5 %), lieu ouvert à tout public (12,9 %), services publics (5,9 %), transports (4,9 %).

On est loin de mesurer l’ampleur du phénomène. Selon les enquêtes menées auprès de la population, seules 20 % des victimes de menaces ou de violences anti-LGBT déclarent avoir porté plainte, et même 5 % pour les injures. Toute une partie des actes ne sont pas déclarés, notamment ceux qui se jouent entre proches, dans l’intimité de la famille par exemple. De même que les actes mineurs : d’après les enquêtes auprès de la population, environ 170 000 personnes se disent concernées chaque année. La société française a encore du chemin à faire pour que l’homosexualité soit acceptée par tous.

Notes:

  1. « Baisse du nombre de victimes de crimes et délits anti-LGBT », Info rapide n°17, Interstats, ministère de l’Intérieur, mai 2021.
  2. « Les injures sexistes, racistes et homophobes depuis 2006 », Keltoume Larchet, Flash’crim n°27, ONRDP, janvier 2020.
  3. Quand un acte passe de contravention à délit.