L’espérance de vie, très utilisée dans le débat public, est une notion beaucoup plus complexe qu’il n’y parait. Le plus souvent, on présente l’espérance de vie à la naissance. On mesure alors le nombre moyen d’années que vivrait un nourrisson, compte tenu des conditions de mortalité du moment. Pour le calculer, on tient compte des taux de mortalité à chaque âge, une année donnée.

Cet indicateur est purement théorique car ce nourrisson ne connaîtra pas tout au long de sa vie les conditions de mortalité de l’année de sa naissance. On ne peut pas dire que les Français « vivent » en moyenne X années mais qu’ils peuvent « espérer » – si rien ne change en matière de mortalité – vivre X années. Historiquement – hormis durant les catastrophes ou les guerres -, le niveau de santé s’améliore et les taux de mortalité1 diminuent. La probabilité est donc très grande pour que notre nourrisson vive plus longtemps que l’espérance de vie affichée l’année de sa naissance. L’espérance de vie sous-estime la durée de vie réelle future des générations, tant que l’état de santé s’améliore.

On peut préciser la notion d’espérance de vie en tenant compte de l’état de santé de la population à partir d’enquêtes pour lesquelles on demande aux personnes si elles sont limitées depuis six mois par un problème de santé dans les activités de la vie courante. On mesure alors l’espérance de vie dite « sans incapacité » ou « en bonne santé ».

Attention : ces incapacités sont déclarées par les individus, ce qui peut influencer l’évolution de l’indicateur. Une sensibilité plus grande à l’état de santé au fil des générations va avoir tendance à limiter les progrès de l’espérance de vie sans incapacité. L’espérance de vie sans incapacité comprend des personnes qui déclarent qu’elles sont limitées, mais « pas fortement ». Il est préférable d’utiliser l’espérance de vie sans incapacité forte, qui ne considère que les personnes qui se disent fortement limitées.

L’espérance de vie est l’un des rares indicateurs systématiquement calculés pour les hommes et les femmes, ces dernières vivant plus longtemps. Il existe aussi des évaluations en fonction de la catégorie sociale. L’Insee a publié l’espérance de vie en fonction du niveau de vie, un indicateur qu’il faut utiliser avec précaution puisque, contrairement au sexe et dans une moindre mesure la catégorie sociale, le revenu varie sensiblement au cours de la vie des individus. On mesure alors l’espérance de vie de personnes qui seraient, tout au long de leur vie, restées au même niveau relatif de revenu (par exemple les 5 % les plus pauvres) ce qui est rare.

Notes:

  1. Nombre de décès pour une population donnée.