L’espérance de vie à la naissance atteint 85,8 ans pour les femmes et 80,1 ans pour les hommes en 2023, selon l’Insee (lire notre article). Mais toutes ces années de vie ne se valent pas en matière de santé. Chaque année, le ministère des Solidarités interroge la population pour connaître les limitations dans les activités quotidiennes pour des raisons de santé et calcule ainsi « l’espérance de vie sans incapacité ».

L’espérance de vie sans incapacité forte1 est plus courte que l’espérance de vie tout court de huit années pour les femmes et de six années pour les hommes. On mesure alors la durée, généralement en fin de vie, passée en mauvaise santé.

La comparaison des concepts d’espérance de vie doit être maniée avec prudence. L’espérance de vie est calculée à partir de l’âge des décès réellement constatés, alors que l’espérance de vie sans incapacité résulte des déclarations des intéressés. Par ailleurs, il ne faut pas oublier que « l’espérance » de vie est un calcul théorique réalisé à partir des taux de mortalité de l’année concernée. Autrement dit, c’est l’âge auquel devrait mourir un nourrisson s’il connaissait les conditions de mortalité du moment. Sauf catastrophe, la réalité sera sans doute différente car les conditions de santé s’améliorent. Les bébés qui naissent en 2025 devraient, si les progrès continuent, vivre plus longtemps.

Au cours des quinze dernières années, les femmes ont gagné environ une année d’espérance de vie sans incapacité forte, les hommes deux. On vit plus vieux, mais aussi en meilleure santé. La meilleure prise en charge des limitations physiques, comme les problèmes d’audition ou de vue par exemple, a pu jouer. Tout de même, on peut noter que les progrès ont surtout été enregistrés entre la fin des années 2000 et le milieu des années 2010. Au cours des dix dernières années, les gains sont quasiment nuls.

L’écart d’espérance de vie sans incapacité forte entre femmes et hommes  – environ quatre ans en défaveur des hommes – est moins grand que la différence d’espérance de vie tout court (environ six ans). Les femmes vivent plus longtemps, mais en plus mauvaise santé. Cela peut aussi signifier qu’elles sont plus attentives à leur corps, et qu’à perte d’autonomie équivalente, elles déclarent plus souvent une incapacité que les hommes. Les deux jouent probablement. L’écart d’espérance de vie entre les sexes a peu diminué, de presque une année depuis 2009.

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Notes:

  1. Cette notion comprend les personnes qui se déclarent « fortement limitées » dans leurs activités. Elle est préférable à l’espérance de vie sans incapacité tout court, souvent utilisée comprend les personnes qui se disent faiblement limitées dans leurs activités.